Les communautés et traditions africaines sont riches et diverses. Une caractéristique commune les unit : le collectif y est prépondérant à l’individu. L’esprit de transmission et de communion, illustré par « l’Arbre à Palabres », ou encore le devoir de participation et de partage (le « Warugal » sénégalais) en sont des exemples encore pertinents aujourd’hui. Ils permettent de faire régner la paix sociale dans nos communautés, de financer les projets de nos proches… Bref, nos cultures et traditions nous rappellent que nous nous entraidons chaque fois que l’occasion le requiert et gagnons énormément à le faire.
D’autres sociétés, ont profité de la révolution numérique pour collaborer à très grande échelle. Il fut un temps, nous Africains, accusions un certain retard que nous rattrapons de manière significative aujourd’hui. Nous ne sommes pas encore arrivés au maximum de nos capacités. Nous pourrions même décupler l’impact de nos efforts, en renforçant nos fondamentaux d’entraide et de solidarité, grâce à un concept clé : «l’intelligence collective».
Différente de la simple agrégation des intelligences individuelles, l’intelligence collective émerge lorsque les conditions suivantes sont réunies : existence d’un groupe, indépendance/ différence de ses membres, et surtout volonté/capacité de contribuer au bien commun. Wikipédia en est le parfait exemple. Chaque jour, des milliers d’internautes contribuent, de manière autonome, à la plus grande encyclopédie au monde, enrichissant ainsi les connaissances de l’Humanité.
Reste à se poser la question des formes concrètes que peuvent prendre l’intelligence collective, notamment dans le contexte économique africain. Comment l’intelligence collective peut-elle être un facteur de développement et de prospérité pour nos entreprises et nos communautés ?
En 2017, un certain grand groupe bancaire prit la décision d’impliquer tous les employés de ses filiales africaines dans l’élaboration de la stratégie en Afrique pour les 10 prochaines années. Il mit en ligne une plateforme (« SAFARI »), accessible à ses 11 600 collaborateurs, dans plus d’une trentaine de langues différentes. Plateforme sur laquelle ils purent débattre, voter, et décider de l’avenir du groupe, durant 3 mois. Cette initiative permit d’identifier de véritables relais de croissance pour le groupe et d’initier des actions de développement aux retombées très positives. Un exemple qui illustre parfaitement les bienfaits (y compris économiques) de l’application de ce concept.
L’intelligence collective propose une approche disruptive permettant d’impliquer la « base » dans la prise de décision et dans l’élaboration de la stratégie.
En effet la base est fondamentale. Elle est en contact constant avec le public de l’entreprise. C’est cette même base qui est le mieux à même de déployer la stratégie adoptée. C’est donc elle que l’on devrait penser à consulter en priorité lorsqu’il s’agit de prendre un certain nombre de décisions.
Pour qu’une société fonctionne au maximum de ses capacités, chacun a le devoir de partager ses connaissances avec le groupe, et doit avoir la possibilité de participer judicieusement aux décisions le concernant.
C’est ce que nous dit l’Histoire à propos de nos sociétés, et c’est ce dont nous devrions nous souvenir, si nous voulons être acteur de notre prospérité.